EXPOSITION SUR LES CAMPS DE BEYRIS (de 1938 à 1947) en PDF ICI
Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris. MVC du Polo. 64100 BAYONNE (octobre 2012) Michèle Degorce (LDH), Claire Frossard (CDDHPB), Claudine Pédurthe, Juan Muñoz (Association des Anciens Guérilleros Espagnols), Jean Riotte (Souvenir Français), Gorka Thomassin (Office National des anciens combattants et victimes de guerre), Mixel ESTEBAN, Claude Labat, Arnaud Guicharrousse (MVC Polo Beyris).
Plan du terrain de polo de Beyris vers 1930
Photo aérienne vers 1930 de la partie entrainement du terrain de polo, on aperçoit en haut au fond de la photo les écuries et sous les arbres à droite la ferme du polo.
La MVC et la place du Polo se trouvent aujourd’hui précisément sur ce terrain d’entrainement de polo.
Les 4 camps de Beyris
Entre 1939 et 1947 le quartier dit de Polo Beyris (situé en limite des communes de Bayonne et d’Anglet) a été le cadre d’un lieu d’enfermement à l’histoire complexe aujourd’hui mieux connue.
Fin 2011, plusieurs personnes et associations ont décidé de faire revivre l’histoire du Camp de prisonniers qui était situé quartier Beyris à Bayonne.
Le Polo Beyris de nos jours
Les quatre vies du camp
Début 1939. La chute de Barcelone entraîne la fuite d’un demi-million de républicains espagnols qui tentent de trouver refuge en France. C’est la Retirada. Mais la France est alors peu encline à accueillir de nouveaux « étrangers » sur son sol. Les hommes sont parqués dans des camps, femmes, enfants et vieillards sont envoyés et dispersés dans toute la France. A Bayonne les écuries du Polo sont réquisitionnées pour y entasser des centaines de ces réfugiés, couchés à même la paille, sans possibilité d’aller hors de l’enceinte. Fin septembre 39 le « Centre d’hébergement du Polo » est fermé, les 260 femmes et enfants qui s’y trouvaient encore sont ramenés de force à la frontière espagnole.
La guerre de 39/45 éclate.
Après la défaite de mai-juin 40 un million et demi de soldats français sont faits prisonniers, dont 80000 soldats provenant de l’empire colonial (Maghreb, Afrique, Indochine, Antilles, Madagascar…), et emmenés en Allemagne, répartis dans des stalags. Mais très vite les autorités nazies décident de renvoyer les prisonniers coloniaux en France où sont construits en hâte des « frontstalags » dans toute la zone occupée.
A Bayonne, le domaine du Polo est réquisitionné par les Allemands à l’automne 40, et une cinquantaine de grandes baraques en bois sont rapidement édifiées, entourées de 3 rangées de barbelés et 5 miradors. Ce sera le Frontstalag 222 dont dépendront des milliers de prisonniers répartis en camps annexes et « kommandos » de travail depuis Hendaye jusque dans les Landes. Jusqu’au départ des Allemands le 23 août 44.
Mais le camp ne reste pas vide longtemps. Juste après la Libération c’est le temps de « l’épuration ».
Des centaines de présumés collaborateurs et trafiquants de marché noir sont arrêtés, d’abord emmenés à la Maison Blanche de Biarritz, au Château-Neuf ou à la Villa Chagrin de Bayonne. Puis transférés au « camp de concentration du Polo » (ainsi appelé à cette époque) qui ouvre le 18 septembre 1944, et gardés par des FFI. Près de 800 personnes (habitants de la région de Bayonne en majorité) vont passer par ce camp qui servait à la fois de camp d’internement et de centre de triage en attendant un transfert devant l’autorité judiciaire, une assignation à résidence, ou un internement à Gurs (pour 259 d’entre eux). Les derniers « détenus politiques et administratifs », comme on les désignait alors, sont transférés à Gurs le 20 avril 1945.
Dès fin 44 la partie nord du camp était réservée aux prisonniers de guerre allemands, dont un grand groupe de jeunes Allemands de moins de 17 ans, puis à partir de janvier 45 ce sont 310 PGA qui arrivent en provenance de Gurs. Enfin à partir du 20 avril 1945, tous les PGA de Gurs sont transférés au camp du Polo qui va désormais s’appeler « dépôt 189 » et dépendre de la XVIIIème Région Militaire. Des milliers de prisonniers allemands vont passer par ce camp, répartis à leur tour dans des camps annexes et commandos. Beaucoup de ces prisonniers vont être affectés au déminage de la Côte et nettoyage du littoral encombré d’obstacles anti-débarquement. Le dépôt 189 ne fermera que fin 1947.
Mais la Ville de Bayonne va mettre des années pour pouvoir récupérer le terrain et surtout le faire remettre en état. Ce n’est qu’à la fin des années 50 que peut enfin commencer la construction de logements collectifs et pavillons individuels sur ce vaste plateau jadis occupé par un camp.
Plan du camp au 1/500ème (Pôle Archives Bayonne 22W1)
Rien dans ce quartier ne rappelle ce qui s’est passé. Très peu d’ouvrages évoquent ce Camp, ou très partiellement. Les habitants de Bayonne ignorent que ce camp a existé. Seuls certains de ceux qui habitaient le quartier Beyris à l’époque se rappellent un peu qu’il y avait des prisonniers « noirs »….
Le camp de prisonniers du Polo Beyris
Le quartier Beyris disposait, au début du XXème siècle, d’un terrain de polo qui s’étendait sur plus de 8 hectares et qui appartenait à Etienne Balsan, homme fortuné qui avait acquis d’autres terrains alentour.
En 1937 Etienne Balsan revend le domaine du Polo à la ville de Bayonne. A l’époque le Maire souhaite y construire un lycée de jeunes filles et aménager un terrain de sport.
Mais ce projet n’a pu se réaliser car les aléas de l’histoire vont faire connaître à ce domaine municipal un destin bien éloigné de son objectif premier…
Entre 1939 et 1947 il devient un lieu d’enfermement pour des familles de réfugiés espagnols, puis pour des prisonniers de guerre coloniaux, puis pour des « politiques » ou présumés collaborateurs, et enfin pour des prisonniers allemands.
Mais rien dans le quartier ne rappelait ce qui s’est passé et les milliers de personnes qui ont souffert à cet endroit ! L’histoire de ce camp avait été oubliée, voire occultée. Seuls quelques rares ouvrages évoquaient partiellement ce camp.
Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris
Quelques volontaires, à titre individuel, ou représentant des associations (comme la LDH, le CDDHPB, le Souvenir Français…), et des habitants du quartier, ont décidé début 2012, regroupés en Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris, de faire revivre cet épisode méconnu, et d’amener la municipalité bayonnaise à réparer cet oubli regrettable.
Un petit groupe de travail s’est alors lancé dans des recherches (Médiathèque, Archives Départementales de Pau et de Bayonne, journaux de l’époque, contacts avec des chercheurs ou de simples passionnés d’Histoire) et a recueilli une vingtaine de témoignages. Et afin qu’il reste une trace de ces recherches et qu’elles puissent servir de point de départ pour d’autres, une publication sur le camp de 1939 à 1947, avec photos, documents et références d’archives, est sortie avec le soutien de la Ville de Bayonne en juin 2013, intitulée « Derrière les barbelés de Beyris ».
Le Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris a réalisé aussi une exposition sur les différentes vies du camp, exposition inaugurée à la Maison de la Vie Citoyenne du Polo en juin 2013, et qui peut être itinérante.
Plusieurs soirées-rencontres ont été organisées en 2013 par le Collectif Mémoire, toujours à la Maison de la Vie Citoyenne de Polo Beyris. Venue de Armelle Mabon, dont les recherches ont porté sur le sort des prisonniers coloniaux internés en France. Venue, depuis les USA, de l’universitaire Raffael Scheck, qui a minutieusement répertorié les Frontstalags installés en France comme celui de Beyris. Conférence de Pedro Sanchez Blanco sur la guerre d’Espagne et les centaines de milliers de réfugiés fuyant le fascisme (comme ceux qui seront « hébergés » dans les écuries du Polo en 1939)
Enfin, le 7 décembre 2013, avec le soutien de la Ville de Bayonne et du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, une borne-mémoire a été posée à l’emplacement du camp, au cœur du quartier Beyris. Cette Borne des Quatre Camps, sculptée sur pierre par Régis Pochelu, est un simple repère matériel qui rappelle le lieu où s’est déroulée cette histoire (devoir de mémoire) et qui invite les habitants du quartier à construire un monde plus juste. Des messages pour le futur ont été déposés sous le socle de la borne par deux écoliers du quartier et deux témoins de l’époque, évoquant la paix, et le souhait d’un monde plus juste et solidaire.
Un arbre-souvenir a été planté à côté de la borne par un ancien du quartier et deux enfants.
Samedi 7 décembre 2013, toutes générations confondues étaient rassemblées, dans le froid, sur la pelouse du quartier du Polo-Beyris à Bayonne. Une cérémonie émouvante, à laquelle participaient des enfants des écoles, pour la pose d’une borne des 4 camps et d’un arbre souvenir.
M.le Maire de la Ville de Bayonne Jean Grenet et Le Président de la MVC du Polo Beyris Nouhou Diallo accueillent les participants
LES EXPOSITIONS DU MOIS DE JUIN
Expositions numérisées sur l’histoire du Polo Beyris
et sur les 50 ans de la MVC
« Derrière les barbelés de Beyris » les 4 Camps de Beyris de 1938 à 1947
PROJET DU SOUVENIR
Détails de la stèle du souvenir
La réalisation de ce monument a été confiée à Régis Pochelu
Prisonniers français au Frontstalag 222 de Beyris 1941/1944
Prisonniers allemands vers 1945 au Polo Beyris
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